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L’utilisation des mots de la psychanalyse : Les choix théoriques de Freud et de Winnicott et leurs conséquences techniques.

Nicolas Gougoulis

Ce qui est difficile après chaque conférence clinique est de sortir d’un état d’admiration, de respect pour le travail avec les patients difficiles. Aussi, je vais aborder le papier de Jan Abram par son aspect théorique avant de relier la discussion théorique à ses conséquences techniques. Je me permets d’ailleurs de rappeler que le concours de 1922 lancé par Freud (« Le rapport de la technique avec la théorie psychanalytique » ) est resté toujours ouvert.
Le travail de Jan Abram (2007, 2008) sur Winnicott est d’une minutie exemplaire. Elle travaille les archives et son grand respect de chaque mot utilisé par son auteur lui permet d’entendre non seulement ce qui est écrit, mais les origines, variations, nuances et développements. Elle sait faire parler les archives, leur donner de la voix et en cela confère une vie aux mots de Winnicott. Ses mots simples, au regard des néologismes de beaucoup d’analystes, acquièrent ainsi un autre statut, celui de notion, d’outil de travail, résultat d’une réflexion et invitation à prolonger une recherche. Je dis bien des notions que j’oppose à un statut de concept car, dans mon idée, Winnicott était étranger à une utilisation axiomatique des mots de la psychanalyse. De même qu’il nous disait que l’interprétation risquait de dévier vers l’endoctrinement, de même, je suis enclin à supposer, que dans le prolongement de sa pensée, une trop grande cristallisation d’une théorisation en cours risquerait de figer nos outils, de les couper de leur aspect processuel et ainsi les vider de leur sens. Comme si d’un coup nos fictions, nos mythologies devenaient des réalités et non une manière de figurer l’appréhension de la clinique et du maniement de la cure. Quoi qu’il en soit la valeur de nos outils tient beaucoup de leur efficacité à nous aider à résoudre les problèmes de la clinique. C’est ce que les écrits carrefour de Freud nous ont appris. Rappelez-vous la réflexion épistémologique dans des écrits tels « Pour introduire le narcissisme » ou les papiers métapsychologiques, pour ne pas mentionner les impasses théoriques d’un article aussi profond que « Deuil et Mélancolie » qui conduit Freud à la nécessité d’envisager puis théoriser la deuxième théorie des pulsions et la deuxième topique.
Vous aurez compris que je me suis inspiré de la notion de Winnicott (1969) « L ‘Utilisation de l’objet » et je parlerai de la manière que Jan utilise les mots de Winnicott et de Freud. Winnicott est un auteur paradoxal. Il écrit de manière simple et compréhensible en restant près de l’expérience clinique. En même temps une absence de systématisation fait que le lecteur risque de passer à côté de certaines transitions notionnelles et de ne pas saisir l’ampleur d’une théorisation. Aussi le travail introductif de Jan (2008) est terriblement précieux. Pour mieux saisir cela prenons son allusion aux notes de bas de page qui nous donnent un guide hiérarchique et qui orientent la lecture chronologique vers les questions essentielles que Winnicott se posait à travers ses écrits, notamment l’importance de « La localisation de l’expérience culturel » (1967) pour la lecture de sa manière de saisir l’intégration de l’espace potentiel et par conséquent l’intégration du Moi. Archiviste moi-même, amateur certes, je connais la valeur des notes de bas de page. Je vous avoue même que leur présence m’effraie quelque peu : une pensée qui n’a pas pu s’insérer dans le texte, une idée à développer, une attention demandée au lecteur, une orientation, autant d’invitations qui donnent à un texte cette forme inachevée, vivante et devant être soumise à plusieurs lectures, souvent avec des perspectives différentes.
Je vais vous proposer à mon tour la lecture des quelques notes de bas de page. Une, célèbre de Freud, et plus loin d’autres de Winnicott. En 1911 Freud en écrivant ses « Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques » et en introduisant le principe de réalité ajoute une note :
« Je vais tenter de compléter la présentation schématique faite ci-dessus par quelques développements. On m’objectera à bon droit qu’une telle organisation qui est soumise au principe de plaisir et qui néglige la réalité du monde extérieur ne pourrait se maintenir en vie, ne fût-ce qu’un instant, de sorte qu’elle n’aurait absolument pas pu apparaître. Mais l’utilisation d’une fiction de ce genre se justifie quand on remarque que le nourrisson, à condition d’y ajouter les soins maternels, est bien près de réaliser un tel système psychique. Il hallucine vraisemblablement l’accomplissement de ses besoins internes, il révèle son déplaisir, lorsque l’excitation croît et que la satisfaction continue à faire défaut, par la décharge motrice des cris et de l’agitation et il éprouve ensuite la satisfaction hallucinée. Un peu plus tard, l’enfant apprend à utiliser ses manifestations de décharge intentionnellement comme moyens d’expression. Comme les soins donnés au nourrisson sont le prototype de la façon dont plus tard les enfants sont élevés, la domination du principe de plaisir ne peut véritablement prendre fin qu’une fois totalement accompli le détachement psychique d’avec les parents. »
Fin de citation, non de la note. Plusieurs auteurs pensent que tout Winnicott est compris dans cette note. Remarque intéressante. Un peu trop freudolâtre, malgré sa pertinence, elle fait du tort à Freud et à Winnicott. Si Freud n’est pas passé à côté du thème de l’environnement, qu’il a mis en note, il a privilégié son optique. A savoir il a choisi de travailler avec sa mythologie, les pulsions et de les envisager avec « l’infantile », le récit de l’histoire de la psychosexualité, et l’organisation oedipienne du patient dans la névrose de transfert. Ce choix théorique conduit aux développements successifs des théories des pulsions et de la topique surtout les tournants de 1920. Son développement le plus important se trouve dans le court papier sur la négation (1925). Il conduit aussi, ce qui est moins évident, à des options techniques que je vais mettre en évidence plus tard dans mon commentaire. Winnicott en revanche reste plus à un niveau d’instinct et choisit comme point de départ l’enfant, qu’il ne peut envisager qu’avec son environnement (il dira même « le bébé n’existe pas »). Winnicott (1971) appelle cela le paradoxe essentiel. Ce choix comporte aussi ses conséquences théoriques et techniques que le papier de Jan, comme celui de Katryn Driffield, nous esquissent et que je vais montrer.
De sorte en commentant l’idée que tout Winnicott est dans la note de Freud je me permettrai de dire que devant le même point de départ : les énigmes du développement de l’enfant, de la création de la réalité, les deux auteurs ont opté pour des regards différents. S’agit-il d’une révolution de paradigme lorsqu’on se démarque du regard freudien? Je dirai non. Si tu permets Jan je proposerais l’idée d’un changement de perspective, un déplacement englobant (embracing shift). Lorsque Freud observait son petit fils jouant avec la bobine, il le faisait du haut de son âge, de sa théorie et de la distance affective qui était la sienne. Lorsque Winnicott nous décrit le jeu de la spatule (1936), la plupart du temps il est en présence de la mère, il est à hauteur de l’enfant, il joue avec lui et découvre avec lui. Deux options théoriques et pratiques tout à fait légitimes mais aux conséquences différentes. Sans l’infantile de Winnicott n’aurait pas pu observer l’enfant comme il l’a fait. Toutefois il a osé aller plus loin, et dans une note de bas page de 1936, décidément, il avoue son influence kleinienne et les prémisses de sa distanciation d’avec elle. Déplacement donc mais un déplacement qui étreint ce qui précède et l’ouvre à une autre lecture de la clinique.

Dans l’idée que Freud se faisait de la cure, suivant sa propre expérience de l’autoanalyse, l’interprétation devait faciliter le travail élaboratif, qui se devait se faire presque tout seul, l’analyste essayant d’éviter les effets de suggestion. Comme nous le rappelle Jan son expérience avec les patients névrotiques partait du présupposé de l’existence d’un appareil psychique doté d’un pare-excitation suffisant pour intégrer le rapport à la réalité, ou en termes winnicottiens, l’introjection d’un environnement suffisamment bon. Aussi d’un point de vue théorique il n’a pas envisagé un stade du développement avant la première fusion avec la mère. D’un point de vue technique certains échecs de la cure ont pris dans ses écrits l’explication au moyen de l’expression de « réaction thérapeutique négative » (1923). Freud a du expliquer des réactions négatives des patients alors que le cours attendu de la cure devrait être une amélioration grâce au travail interprétatif et élaboratif avec la théorie de la culpabilité inconsciente et ses développements dans sa théorisation sur le masochisme. Ses difficultés l’ont confirmé dans les restrictions d’indication du travail analytique avec les patients narcissiques ou psychotiques.
Ici la lecture historique nous est d’une grande utilité. Nous savons que cette notion freudienne correspond à son expérience avec Joan Rivière (Hughes, 1991). Cette lumineuse et en même temps obscure figure de notre mouvement en parlant de son analyse avec Freud et en essayant de le protéger fait le commentaire suivant sur la réaction de l’analyste face aux patients qui le mettent en difficulté :
« Un transfert faux ou perfide (treacherous) de la part de nos patients est un tel coup à notre narcissisme qu’il empoisonne et paralyse notre instrument pour le bien (notre compréhension de l’inconscient du patient), de sorte qu’il tend à faire naître des angoisses dépressives chez nous. Ainsi la fausseté du patient rencontre chez nous un déni et reste non reconnu et non analysé par nous aussi ».
Nous trouvons en germe ici tous les développements de la psychanalyse moderne sur les effets du déni et du clivage, les complicités inconscientes de l’analyste qui conduisent aux écrits de Guillemin ou de Racamier, bref toute la nécessité de la compréhension et de l’utilisation du contre transfert dans les cures difficiles.
Ce que Freud a décrit comme RTN devient sous la plume de Riviere une forme particulière du transfert négatif, mais qui ne peut être élaboré sans que l’analyste reconnaisse les effets sur lui. Riviere, comme nous le savons était une des analystes de Winnicott et a présenté son papier sur la RTN en même temps que Winnicott présentait le sien sur la Défense maniaque. Le temps était propice à un élargissement des idées freudiennes grâce aux apports kleiniens des années 1930, notamment la position dépressive.
Winniccott à son tour prend ce flambeau-là et envisage les phénomènes difficiles sous un autre angle notamment avec la reconnaissance des phénomènes négatifs (la haine) dans le contre transfert, seul moyen de donner existence psychique à des mouvements destructifs chez le patient. Il est dans le mouvement théorico-clinique de Riviere et de Paula Heimann, élèves marginales de Klein, qui cherchent la clef de la solution dans une meilleure localisation de l’endroit du travail analytique. Lorsque nous sommes en présence du mécanisme de refoulement et des symptômes névrotiques, le travail psychique du patient, suffisamment accompagné par l’analyste se fait de manière associative simple, certes au moyen de l’interprétation des résistances. Freud le décrit fort bien dans son papier sur la négation. Mais en face d’éléments clivés, autrement dit éléments de la réalité qui n’ont pas été admis dans la réalité psychique de l’enfant, ce même travail est impossible de manière classique. Ici il ne s’agit pas d’élaborer ce qui a été refoulé en tant que désagréable. L’élément clivé, frappé de déni, n’a pas été admis dans la réalité psychique dans la mesure où il fut vécu comme expérience catastrophique, un effondrement de la psychè, vécu mais sans expérience psychique, sans première affirmation. Lorsque l’analyse permet l’apparition de ces éléments ils seront vécus par le patient mais captés au moyen de l’identification projective par l’analyste. Si l’analyste à son tour dénie, se faisant complice du clivage, de toute évidence nous aurons au mieux un renforcement du fonctionnement en faux self, un semblant d’analyse, et au pire les dangers des catastrophes des RTN. Les conséquences théoriques de telles réflexions sont de chercher la localisation du développement psychique que Winnicott fait avec la localisation de l’espace potentiel. Les conséquences techniques sont de développer la théorie de l’interprétation. Je paraphraserai Winnicott (1969) : Pour utiliser une interprétation un patient doit avoir développer la capacité de s’en saisir. Freud postulait que les patients névrotiques ne le pouvaient pas. Les analystes post freudiens ont relevé la gageure de faire autrement. Les développements kleiniens nous ont montré que l’interprétation dans le hic et nunc permettait à certains patients psychotiques de se saisir du travail interprétatif et d’élaborer. Les articles séminaux des années 1950 montraient une façon de travailler originale avec des transferts qui manifestement sortaient de cadre de la névrose de transfert. Cependant l’analyste non kleinien a du mal à se reconnaître dans un fonctionnement qui laisse souvent peu d’espace à une associativité libre. De sorte, nous pouvons saisir le sens de la critique de Winnicott qui compare cela à de l’endoctrinement. Dans ses propres développements techniques il en est venu à considérer le travail interprétatif comme un analogon du jeu (playing).
Venons en à une discussion du cas d’Anna. Nous constatons une apparition d’éléments clivés dans le matériel clinique et dans la relation transférentielle (son côté oublieux suivi de ce sentiment de sentir sans pouvoir savoir pourquoi, p.3). A la suite du travail interprétatif de Jan qui ramène ses sentiments de menace de catastrophe (effondrement) dans le transfert, Anna reconnaît ses affects mais n’a pas la moindre idée pourquoi. C’est cela qui me fait les qualifier d’éléments clivés dans la mesure où elle n’a pas ce sentiment de familiarité qui en feraient des éléments ayant subi un refoulement après une première inscription positive (Bejahung). D’où son oubli non seulement des clés mais des éléments du cadre (la cinquième séance) qui étaient étroitement liés à la maturation de l’analyse et de manière concomitante de la patiente. Jan suit pas à pas ce processus de double maturation en passant par un moment où elle s’entend parler, mettant en évidence des situations meurtrières entre des femmes, qui progressivement sont liées dans le transfert et à l’histoire psychosexuelle d’Anna. La patiente fonctionnait avec une imago maternelle qui la condamnait à une position infantile éternelle. Prendre connaissance de cela cependant est loin d’être suffisant. Cela pourrait l’être, si le matériel était de qualité névrotique (refoulé). Ici dans la mesure où cette prise de conscience est une première inscription, le couple analytique passe par des sentiments de danger, de risque d’effondrement. Du côté d’Anna, nous constatons une régression, même vocale lorsque elle prend la voix d’une petite fille disant que « grandir lui fait peur » et que « sa sécurité est de rester petite ». Jan de son côté ressent une anxiété et incertitude. Ce fait, de reconnaître son anxiété, probablement projetée par Anna, est capital et permet à Anna de produire les associations sur l’histoire du photographe qui fait le portrait d’une mère traversant une zone de danger, bébé en main. Un critique l’aurait accusé d’être un meurtrier. Nous sommes au tournant ce cette cure. L’interprétation de Jan qui situe les enjeux du transfert et de l’analyse permet à Anna de pouvoir s’approprier le mouvement analytique, un avancement par rapport à la situation précédente dans la mesure où cette fois il s’agit d’une deuxième inscription. La partie n’est pas gagnée. Anna déclare qu’elle est dans une situation de franchir le Rubicon : « il n’y a pas de retour possible », dit-elle toujours avec une voix de petite fille qui craint toujours. Sauf qu’elle sait qu’elle est accompagnée par une analyste qui non seulement ne craint pas de la voir grandir, mais résiste à sa destructivité. Ce travail de tissage des pensées est dans mon sens le travail que Freud imaginait lorsqu’il écrivait « Constructions ». Chez le névrosé ces situations ressemblent beaucoup plus à « tourner une page de son histoire », chez le borderline le travail est bien plus une aventure risquée.
Ces éléments comme dans le cas de Christine qui sera présenté par Katryn Driffield cet après midi apparaissent sous une forme assez différente d’éléments refoulés, dont le refoulement est levé au moyen d’une interprétation. Ceux-ci sont plus facilement reconnaissable donnant lieu sous une forme ou une autre à une possibilité de reconnaissance familière (Aha! Erlebnis) par le sujet et plus tard au moyen d’une élaboration psychique à une appropriation subjective. Mais ceci suppose que ces éléments avant d’avoir subi le refoulement avaient été admis dans le champ de la figuration et du symbolique par une affirmation initiale (Bejahung), Même dans le cas d’une admission par la négative (par exemple « ce n’est pas ma mère, suivi après interprétation par des phrases comme « je ne l’ai jamais pensé comme ça ! »), comme Freud l’a magistralement montré dans son travail sur la Négation (1925). Ici l’interprétation des résistances et du transfert suffisent à canaliser l’exigence de travail psychique de la pulsion vers une figuration élaborable échappant au déguisement symptomatique. C’est ce que Freud a vécu lors de son auto-analyse et lors des cures de ses névrosés.
Mais que se passe-t-il lorsque au lieu de cela nous sommes en présence d’éléments de la série traumatique, névrose d’échec, névrose de destinée, cauchemars, rêves traumatiques, les phénomènes masochistes et j’en passe. Freud examinant la compulsion de répétition a spéculé avec sa théorisation pulsionnelle et est arrivé à la nécessité d’introduire l’idée d’un au-delà du principe du plaisir sous forme d’une force démoniaque qu’il a appelé pulsion de mort. Pulsion agissant silencieusement qui peut être liée ou agir avec des tendances destructrices. Ainsi peuvent s’expliquer ce qu’il décrit comme réactions thérapeutiques négatives et d’autres impasses thérapeutiques. Reste qu’au niveau clinique nous demeurons justement dans une impasse (Rosenfeld, 1987). Dans le texte de la « Négation » il attribue clairement cela du côté de la pulsion de mort : « l’affirmation comme substitut de l’unification appartient à l’éros, la négation successeur de l’expulsion appartient à la pulsion de mort ».
La différence entre la qualité du retour des éléments refoulés et le retour des éléments clivés est très importante. Les éléments clivés l’ont été car leur effraction dans la perception était initialement traumatique débordante l’appareil psychique en formation, le menaçant de désintégration. Ils gardent cette même qualité de menace (pending disaster, qui en fait a déjà eu lieu). Aussi que nous disions qu’il n’y a pas encore de bon objet intériorisé ou que le pare excitation maternel n’est pas suffisant, le résultat est le même. Ces éléments lors de leur apparition ne peuvent que prendre des formes violentes. Au mieux ce que Jan nous décrit avec un symptôme presque névrotique sous forme d’acte a manqué (elle oublie ses clefs, sauf que c’est presque une perte d’identité). Mais la plupart du temps ces éléments apparaissent bien plus violemment et font souffrir l’analyste. Explosions verbales, oublis d’une séance à l’autre, absences, aggravation et j’en passe. Autant des demandes indirectes que l’analyste soit « utilisé » par le patient et qu’il résiste à la destructivité de l’analysant. Autrement l’analyste subit ces éléments projectifs et négatifs, il dénie leurs effets, se fait complice du clivage et participe à la répétition du démoniaque. J’avais écrit ailleurs que ces analyses sont une affaire d’endurance et non de patience de l’analyste.
Cette négativité clinique est en fait une première inscription figurable dans le psychisme ; une négativité informe, exactement comme ce coup de tonnerre qui à défaut d’être appréhendé demeure en tant que tel. Métabolisé, interprète au sens d’une figuration partagée par l’analyste qui s’offre plus comme une figure identificatoire d’un être pensant (une fonction) et moins comme objet total, l’informe prend une qualité d’une possibilité d’intégration dans le psychisme naissant d’une relation transférentielle.

Le fait de rester dans la clinique du transfert sans le filet de sécurité de la théorie, option de Winnicott, le fait de penser les phénomènes, les incidences de cet au delà du Principe de plaisir, la compulsion de répéter, le destructivité, l’attaque contre le cadre et l’analyste, bref de ne pas avoir recours à la pulsion de mort, comme arrêt de la pensée analytique, comme limite ultime de l’analysable permet la poursuite de l’aventure analytique. Certes à nos corps défendants. Ces analyses ne sont pas de tout repos. De plus il devient évident que bien de développements de Freud doivent être relus et certaines affirmations que j’appellerai des « paroles définitives » doivent être abandonnées. La notion d’utilisation de l’objet et la géographie de l’expérience culturelle permet d’envisager le fonctionnement psychique non dans la localisation d’un appareil strictement intrasubjectif mais dans un mouvement constant entre le relationnel et ce qui en est à introjecter, puis à assimiler comme expérience subjective.
Merci de votre attention
W choisit de regarder autrement et nous verrons les conséquences cliniques.
Troisième voie.

Bibliographie
Abram J. (2007) The Language of Winnicott. London, Karnac.
Abram J. (2008) Donald Woods Winnicott (1896-1971) : A Brief Introduction. Int. J. Psychoanal., 89 : 1891-1217.
Freud S. (1911) Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques. In Freud S. RIP I, Paris, PUF, 135-143.
Freud S. (1923) Le Moi et le ça. Paris, Payot.
Freud S. (1925) La négation. In Freud S. RIP II, Paris, PUF, 135-139.
Hughes A. (1991) The Inner World and Joan Riviere. London, Karnac.
Rosenfeld H (1987) Impasse and Interpretation. London, Routledge.
Winnicott D. W. (1967) The Location of Cultural Experience. Int. J. Psychoanal., 48 : 368- 372.
Winnicott D. W. (1969) The use of an object and relating through identifications. Int. J. Psychoanal., 50 : 711-716.
Winnicott D. W. (1971) Playing and Reality. London, Tavistock.

 

    

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